Rythmes scolaires … En marche … arrière ! par Michel Augustin

Rythmes scolaires : En Marche… Arrière !
Les ministres se suivent et les réformes trépassent… La remise en cause de l’organisation actuelle de la semaine scolaire risque d’envoyer aux oubliettes, et pour longtemps, le dossier épineux des rythmes scolaires… C’est un gâchis insupportable !

Un constat unanime.
Durant toute ma carrière j’ai entendu les enseignants, les parents et les chronobiologistes se plaindre, à juste titre, de la fatigue des élèves due à une inadaptation des rythmes scolaires. Tous dénonçaient les mêmes causes néfastes telles la journée trop longue et les vacances mal réparties, trop longues en été alors que les « petites » vacances, trop courtes ne permettaient pas aux élèves de bien récupérer.

Premières avancées.
Une première avancée a été enregistrée avec une révision du calendrier scolaire introduisant l’alternance de 7 semaines de classe et 2 semaines de vacances entraînant un raccourcissement des vacances d’été et l’allongement des petites vacances. C’était un progrès notable même si, hélas, l’intérêt des élèves a été rapidement mis à mal par la pression des professionnels du tourisme qui ont obtenu les 3 zones décalées que nous connaissons actuellement aux vacances d’hiver et de printemps. Cherchez l’erreur !…

Des expérimentations diverses ont été menées ça et là, à Hérouville-Saint Clair, Epinal et même à Moulins ! Hé oui , Notre Moulins, dans l’Allier, vous ne rêvez pas !…
Tout aussi imparfaites qu’elles aient pu être, elles avaient le mérite d’aller dans le bon sens et alimentaient la réflexion pour atteindre, enfin, « l’inaccessible étoile » : les rythmes parfaits !…
Enfin les bonnes questions étaient sur la table des discussions. Comment alléger la journée ? Comment aménager la pose méridienne pour que ce soit vraiment un vrai temps de repos surtout pour les enfants, de plus en plus nombreux, à qui on imposait des temps de vie collective depuis la garderie du matin jusqu’à 19h00 si ce n’est plus ? Quelle était la meilleure répartition des heures d’enseignement dans la semaine ?
La réflexion portait même sur la possibilité de proposer à TOUS des activités culturelles et sportives alors que beaucoup n’y avaient pas accès.

Un espoir de courte durée.
Il n’y a pas si longtemps, Monsieur Peillon, ministre de l’Education nationale, relançait le débat en annonçant tout de go le raccourcissement de la journée scolaire… Enfin, nous allions accéder au Saint-Graal…
Hélas, il a fallu vite déchanter ! A cause d’une impréparation coupable, d’une méconnaissance intolérable du terrain, ce projet est allé droit dans le mur de la réalité…
Cette bonne idée tant espérée a dû faire face au questionnement légitime des parents : Que feront les enfants en sortant à 15h30 ? Au ministère, personne n’y avait réfléchi. Il a fallu improviser, trouver au plus vite une solution… Je ne sais qui, sans doute un « ancien » qui avait entendu parler par le passé d’activités périscolaires, a dû se souvenir qu’il y avait un dossier poussiéreux sur le sujet au fond d’un placard…
Voilà comment on nous a « balancé », à quelques semaines des vacances, le projet des TAP !… C’est vrai que c’était le moment idéal… Chacun sait que c’est la période la plus calme dans les écoles, chacun sait que la mise en place était « simple » et que les municipalités,surtout dans les « petites » communes, n’avaient aucun problème pour tout organiser (activités, locaux, personnel et, éventuellement, la petite broutille du financement…) pour que ce soit opérationnel à la rentrée . Cherchez encore l’erreur !…
Heureusement, Monsieur le Ministre a concédé un délai d’un an aux communes…

Un gâchis scandaleux
A peine l’élection présidentielle est-elle passée que le nouveau ministre raye d’un trait de plume et, encore une fois à quelques semaines des vacances (!…), ce qu’un de ses prédécesseurs avait fait. L’annonce (officielle ou non ?), par le nouveau ministre de la possibilité de modifier l’organisation actuelle et la fin programmée de l’aide de l’Etat au financement des TAP jette le trouble dans les écoles…
N’étant plus « actif », je ne me prononcerai pas sur le bien-fondé de cette décision mais je fais confiance aux enseignants qui ont constaté très rapidement la fatigue excessive des élèves surtout en fin de semaine. Il est sans doute temps « d’arrêter les frais »…
Quels seront les choix des conseils d’école réunis à la hâte ? Retour à la semaine de 4 jours avec allongement de la journée de classe ? Répartition sur 4 jours 1/2 sans les TAP mais que feront les enfants dont les parents ne peuvent les prendre en charge ?
On risque fort de tourner en rond et de revenir à notre point de départ pourtant imparfait.

Faut-il considérer que le problème est insoluble, renoncer à tout jamais à modifier les rythmes scolaires ? Où est l’intérêt des élèves dans tout ça ?
Il m’est insupportable de constater qu’on jette à la poubelle des années de réflexion. Pourquoi ? Tout bonnement à cause de la précipitation, de l’impréparation voire de l’incompétence…
Je crains fort qu’elle ne soit pas née la personne qui osera désormais remettre sur le tapis la question des rythmes scolaires… Nous voilà replongés 30 ans en arrière avec les mêmes constats et les mêmes interrogations, laissant les enseignants se débrouiller seuls face à une question essentielle … comme d’habitude, hélas…
Comment ne pas être amer devant un tel fiasco ?

Michel Augustin
15/06/17