Le discours du Président Macron devant la Conférence des évêques de France, le 9 avril 2018, a fait bondir l’Observatoire de la laïcité de l’Allier.
Ce qui pose problème aux membres de l’Observatoire, ce n’est pas que le Président se soit exprimé devant des évêques mais le contenu de son discours. Emmanuel Macron y parle d’un « lien abîmé entre l’Eglise et l’Etat ». « Il vous importe à vous comme à moi de le réparer », a ajouté le Président devant le clergé catholique.
« Quel lien ? »
« De quel lien est-il question ? », s’interroge Gérard Hatab, membre de l’Observatoire (*). « En terme institutionnel, ce lien n’existe pas ». L’occasion pour les membres de l’Observatoire de rappeler la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905. De rappeler aussi le texte de la Constitution : « On est dans une République démocratique et laïque. La République n’est pas contre les religions mais elle ne reconnaît aucun culte et garantit une liberté de conscience », souligne Michel Dupont, président de l’Observatoire.
« La conception d’Emmanuel Macron de la laïcité n’est pas celle de la loi de 1905 », s’inquiète Vincent Présumey. « Là, notre inquiétude n’est pas causée par l’église catholique mais par le Président ».
Une tempête dans un verre d’eau ? « On voudrait en être sûr mais ce n’est pas le cas », confie Vincent Présumey. « Si on met bout à bout les positions du Président, devant les protestants, au Crif, il apparaît une conception générale où la société civile n’a pas forcément à être laïque, il n’y aurait que l’Etat qui devrait l’être. Avec ce discours devant les évêques, il franchit un pas de plus en disant qu’il faut rétablir un lien entre l’Eglise et l’Etat. Or la République ne reconnaît aucun culte ».
(*) Il réunit des associations et des syndicats (EDPEP03, DDEN, FGR-FP, FSU, GODF, Ligue de l’enseignement, UNSA Education…)
Leïla Aberkane – La Montagne